Chrysalis (2021)

Chrysalis envisage les frontières du corps comme étant perméables et fluctuantes, naviguant dans une forme de tendresse maladive. L’œuvre s’est développée à partir d’un intérêt pour la nourriture en décomposition et les déchets corporels, ainsi que pour le potentiel de cette matière organique rejetée à produire une nouvelle vie. L’œuvre intègre des fruits qui vieillissent pendant la durée de l’installation. Au fur et à mesure que les structures originales du fruit commencent à se décomposer, de nouvelles structures apparaissent.

Artiste : DEXTER BARKER-GLENN

Moterus 2999, l’incubateur des larves (2019-2020)

Le projet Moterus 2999 comprend un utérus fonctionnant à partir d’un moteur à gaz qui activé par un moteur électrique muni d’une transmission. Cet utérus ne sert pas à reproduire un humain mais plutôt à définir l’artiste qui l’a produit : c’est un outil qui lui permet de reconstruire sa propre identité. En lui, les matériaux associés à la culture masculine confrontent l’utérus, symbole ultime de la féminité.

Ici, le cube n’est pas habité par l’utérus principal, mais présente plutôt les autres composantes du projet Moterus 2999 : il s’agit de 28 «larves» (bébés utérus) autonomes, toutes composées de pièces de voitures désuètes, de jouets et de matières textiles. Certaines comprennent des petits appareils électriques, comme des lumières, des vibrateurs, des moteurs rotatifs, un amplificateur ou des sonneries. Les larves sont présentées dans des boîtes de plexiglass de 1’x1’x1’. Le grand cube se transforme ainsi en un incubateur géant où frétillent et clignotent les petites larves.

En autonomisant cet organe interne qu’est l’utérus, l’artiste questionne le degré de contrôle que nous avons sur nos corps et reflète la précarité de la reproduction artificielle. Elle intervient tous les 28 jours, au rythme d’un cycle menstruel, afin de remplacer les batteries et voir au bon fonctionnement des mécanismes. Ces moments sont une occasion pour l’artiste de discuter de l’œuvre avec les amateurs d’art et les curieux.

Artiste : FANNY DUBOIS

Rogner les murs (2021)

À partir d’objets du quotidien déviés de leur fonction, Henry Frantz Patrick créé des « sculptures-oxygène ». Pour l’artiste, il s’agit d’une façon de générer des alternances entre construction, reconstruction et destruction. Différents objets moulés en ciment de gypse sont parfois colorés avec du pigment sec, certains sont troués et incrustés de matériaux récupérés, puis disposés de manière à former des structures modulables. Un travail de gravure fait disparaître progressivement la matière pour révéler des cartographies recomposées. Les cartes de Port-au-Prince et de Montréal sont agencées à des lignes de mains de manière à représenter un espace fabulé.

Ces différentes stratégies sont mobilisées pour souligner l’extensibilité du monde. Par la création, des passages s’ouvrent, le monde se révèle plus vaste et multiple. Ainsi, cette installation sculpturale porte en elle l’idée capitale que nos catégories apparemment figées sont plutôt des phénomènes changeants qui requièrent un renouvèlement permanent de l’être, à l’image du citoyen de la république-fenêtre :
« … rogner les murs
qu’une fissure nous sauve
qu’une brèche naisse
qu’un arbre s’élève
et que les branches propagent la bonne nouvelle
rogner les ombres qui tranchent nos gorges
qu’un printemps parle
qu’une langue vivante lèche nos paysages
rogner les murs… »
Extrait d’un poème inédit de Jean d’Amérique, 2021

Artiste : FRANTZ PATRICK HENRY

Dioramas (2021)

Dans cette série de six images intégrées dans des boîtiers rétroéclairés, l’artiste réinvestit le diorama, cet ancêtre du cinéma et de la réalité virtuelle. Le diorama est un dispositif muséographique inventé par Daguerre au XIXème siècle. Il est habituellement composé d’images bidimensionnelles et d’éléments tridimensionnels, et par des effets de clair-obscur et de profondeur, il met en scène des évènements personnels ou historiques.

Ici, l’artiste convoque les spectateurs à un espace-temps en suspension, par le biais de petits théâtres intimes dont la toile de fond est le chantier de l’esplanade Clark, observé in situ et photographié à l’automne 2019. Chaque image a été retravaillée par des logiciels de photomontage, puis imprimée sur un panneau d’acrylique translucide rétroéclairé et inséré dans un boîtier. A l’intérieur de celui-ci, des fragments divers (débris de chantier, éléments architecturaux) sont intégrés au dispositif. Ces mini-mondes fabriqués, interrogeant les liens entre illusion et réalité, s’insèrent dans un volume cubique noir assez imposant, qui contraste avec l’échelle de ces petites lanternes magiques, à observer dans la ville de jour comme de nuit.

Artiste : GENEVIÈVE ROY

Nostalgie artificielle (2019)

Composé d’une série de sculptures en céramique aux teintes roses, Nostalgie artificielle projette la nostalgie d’une période d’innocence où les jours étaient remplis de mystère et de possibilités infinies. Empruntant la forme du vase traditionnel, l’artiste construit une sculpture fantaisiste qui mêle des souvenirs de son pays natal à des illusions. De la poudre rose néon est dispersée autour des pièces de céramique, comme si les sculptures apparaissaient à la surface d’un étang rose. Tandis que leur extérieur est hautement orné, l’intérieur des vases demeure creux. Aux yeux de l’artiste, chaque vase reflète un désir d’individualisation. Dégageant une esthétique à la fois mignonne et loufoque, cette collection de vases en céramique fait allusion au paysage onirique et mélancolique de l’enfance.

Artiste : HEARYUNG KIM

Carreau (2020-2021)

L’artiste propose ici l’exploration d’un matériau communément utilisé dans l’environnement bâti: le carreau de céramique. Ce matériau, parfois générique, parfois ostentatoire, est appliqué sur les planchers et sur les murs de nos salles de bain, de nos cuisines, de nos halls d’entrée. Choisi avant tout pour ses propriétés fonctionnelles, il se retrouve dans tous les lieux que l’on fréquente quotidiennement.

Dans cette installation, l’artiste décontextualise le carreau de céramique de sa fonction habituelle afin d’explorer son influence sur la réalisation et la perception d’espaces 2D et 3D. Sa recherche a mené à la réalisation de 96 sculptures et jusqu’à 576 toiles, qui présentent une déclinaison de volumes et d’aplats de quatre tonalités de gris. Ces différentes expériences visuelles permettent d’observer les manières dont les propriétés du carreau de céramique (son format, sa couleur, sa texture, l’espacement entre les carreaux, etc.) influencent notre lecture des objets 2D et 3D.

À travers ce projet, l’artiste souligne la complexité, les nuances et l’importance de ce matériau dans le paysage construit. Elle questionne sa forme, sa fonction et son potentiel. Ainsi, son projet nous invite à prêter attention à tous les matériaux, souvent inaperçus et en apparence anodins, qui façonnent nos environnements et qui ont une incidence tangible sur nos expériences quotidiennes.

Artiste : JULIETTE BLOUIN

Pollinisateurs culte, nos hêtes (2021)

Vouer un culte aux insectes, nos hôtes sur cette planète, voilà le rôle de cette œuvre qui inclut des autels-hôtels destinés aux pollinisateurs et auxiliaires moins connus, ceux qui restent dans l’ombre de la populaire abeille mellifère : les chrysopes, les syrphes, les perce-oreilles, les bourdons, les abeilles solitaires alias osmies, les guêpes, les coccinelles et les papillons. Ces sculptures-gîtes leur permettent de copuler, de se reproduire et d’hiberner. Ces créatures clés favorisant la biodiversité fertilisent les victuailles en devenir et luttent de manière intégrée contre les ravageurs des cultures.

Artiste : MAUDE POIRIER FELX

Nature morte (2020-2021)

Présentée à l’image d’une nature morte sculpturale, l’installation est composée à partir d’éléments classiques de ce genre, tels des fruits ou un vase. La production de l’artiste est issue d’une recherche technique en bois et en métal pour la réalisation de cette œuvre. Avec ses objets surdimensionnés, non proportionnels, détenant des couleurs et des formes non fidèles à la réalité, cette nature morte surréelle semble provenir d’un monde imaginaire. Les œuvres qui la composent puisent leurs inspirations des éléments communs de la nature morte, mais aussi du thème du pique-nique. Elles sont installées à la manière d’une nature morte classique en peinture, comme celles de Cézanne ou de Van Gogh, avec le sol du cube servant ici de table à manger ou de nappe à pique-nique. Le tout crée une sensation d’émerveillement et d’intrigue, comme si le cube de verre offrait une porte vers un autre univers qui est tout aussi étrange que le nôtre.

Artiste : MYRIAM SIMARD-PARENT

Bring back as souvenirs | Give away back home as souvenirs (2019 – en cours)

L’installation est composée de 40 serviettes « Good Morning » qui ont été sérigraphiées puis lavées à la main et suspendues sur une corde à linge, et accompagnées de bassines et de seaux en plastique. Le projet est né de l’intérêt de l’artiste pour la serviette « Good Morning », un objet banal que l’on retrouve dans des restaurants chinois et des cafés de style hongkongais. Après avoir vu une serviette exposée au Centre for Heritage, Arts and Textile à Hong Kong, l’artiste a voulu s’informer sur son origine. Incapable de trouver des sources universitaires de recherches traditionnellement valorisées pour étayer ses recherches, elle s’est tournée vers des groupes Facebook et des blogues personnels pour trouver des phrases qui suggèrent la façon dont les gens interagissent avec ces serviettes. Elle a ensuite sélectionné puis sérigraphié quatre phrases décrivant les interactions entre ces serviettes et leurs utilisateurs.

En tant que personne née au Canada de descendance hongkongaise et chinoise, Cheung étudie la relation interdépendante entre les objets, le lieu et l’identité par le biais d’une pratique interdisciplinaire basée sur la recherche. Ses matériaux préférés sont des objets banals du quotidien qui sont porteurs d’une importante identité culturelle. Par leur simple existence, ces objets documentent les expériences et les souvenirs que partage les individus vivant au sein et en dehors de la communauté de l’artiste.

Artiste : SNACK WITCH JONI CHEUNG

Deux robots ½ (2021)

Deux téléviseurs cathodiques se font face. Chacun diffuse l’image d’un humanoïde qui converse avec l’autre. Au centre du cube se trouve une table de terrasse. Un système stéréophonique diffuse le son des conversations des humanoïdes à l’extérieur du cube. Les deux « bots » ou algorithmes d’intelligence artificielle discutent sans arrêt pendant toute la durée de l’exposition. Les conversations qui en découlent sont toutes aussi confuses que surprenantes, à l’instar des interactions que l’on peut retrouver sur les réseaux sociaux. Avec le son des haut-parleurs résonnant à l’extérieur du cube, les spectateurs deviennent témoins des aléas communicationnels générés par l’œuvre, qui propose une interprétation ironique des dissonances communicationnelles propres à l’âge du Web, encore plus palpable en temps de pandémie.

Zacharie Gauvreau et Victor Imbeau ont entamé leur collaboration à l’UQÀM. Elle est alimentée par leur humour, tantôt ironique, tantôt cynique, ainsi que par les thématiques et les aspects formels de leur travail respectif. Ensemble, ils s’intéressent à notre rapport à la consommation, aux réseaux sociaux ainsi qu’à la technologie contemporaine et ses répercussions sur nos vies.

Artiste : ZACHARIE GAUVREAU ET VICTOR IMBEAU