Chaque année, le festival Art Souterrain rend l’art visuel accessible à un large public en le sortant des lieux d’expositions traditionnels pour les mettre en valeur dans le patrimoine architectural de la ville souterraine de Montréal. Le festival a cette année comme thématique RESET et invite le public répondre à la question : « Si l’on vous proposait de repartir à zéro, comment imagineriez-vous le monde ? »
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Thème
Reset
« Et si vous pouviez appuyer sur un bouton et tout effacer, que feriez-vous de cette nouvelle page blanche? Si l’on vous proposait de repartir à zéro, comment imagineriez-vous le monde? L’humanité se trouve à un tournant. Faut-il persister dans ses habitudes ou prendre conscience des schémas répétitifs pour repartir sur de nouvelles bases? Bouleverser sa routine et changer les habitudes peut provoquer d’intenses moments d’insécurité. Cela peut entraîner des remises en question douloureuses, voire des pertes de repères. Les bouleversements climatiques, économiques et politiques sont au cœur de notre actualité. Individuellement et collectivement, s’il veut survivre, l’être humain aura bientôt à modifier sa relation au monde, mais aussi ses relations interpersonnelles. Le manichéisme est-il la seule solution? Faut-il penser uniquement en termes d’utopie et de dystopie afin de trouver des sentiers qui n’ont jamais été balisés? »
Commissaires
Lynn Bannon
Conformément à la thématique du festival 2020 d’Art Souterrain, articulée autour d’un vocable tant polysémique que fédérateur, à savoir « reset », deux desseins m’ont guidé pour déterminer les critères de sélection des artistes :
1) que la production des artistes fasse état d’une cogitation récapitulative sur l’état des faits, en prévision d’une éventuelle métamorphose du réel;
2) que l’œuvre des créateurs montre à voir un lieu inédit ou fictif, un univers extraordinaire, utopique, peuplé de possibles, dans lequel sont (seront) amené(s) les spectateurs à s’introduire pour ainsi s’arracher temporairement au monde actuel. Deux aspects de l’altérité recherchés par l’utopie ont aussi mobilisé mon attention: l’alternance, parce qu’elle permet un retour salutaire sur le passé pour anticiper une vision éclairée du futur, et l’alternative, en ce qu’elle est une formidable occasion offerte aux artistes pour (re)construire le ou un autre – réel.
Lynn Bannon est docteure en sémiologie et historienne de l’art. Elle enseigne depuis 2005 au Département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches portent majoritairement sur la citation dans l’imagerie contemporaine, de même que sur le rapport texte-image, relation qu’elle étudia dans le cadre d’un Fellowship réalisé à l’Université de Glasgow (Écosse, 2015).
En plus d’avoir siégé sur divers comités universitaires, elle a participé à plusieurs conférences nationales et internationales organisées par l’Association Internationale de Sémiotique Visuelle (AISV), l’Association Française de Sémiotique (AFS), l’Association Internationale des rapports entre le Texte et l’Image (AIERTI) et l’Association Francophone pour le Savoir (ACFAS).
Juliette Bibasse
RESET : réinitialisation volontaire ou redémarrage imposé, ce terme est ambivalent. Souvenez-vous de votre frustration la dernière fois que le plantage de votre ordinateur vous a fait perdre des heures de travail.
Par ailleurs, si nous avions accès à un bouton magique permettant de “recommencer”, serions-nous prêts à un retour à la case départ impliquant la disparition de progrès ayant rendus notre quotidien plus facile et nos vies plus longues? À choisir, un scénario idéal nous permettrait plutôt de définir les paramètres à modifier afin de produire une réalité alternative maîtrisée.
Par leurs œuvres, les artistes présentés à Art Souterrain à l’hiver 2020 proposent de nouveaux récits et imaginaires, des simulations se jouant du temps. Grâce aux outils numériques, ils modifient données et variables afin de produire une multitude de résultats comme autant de contre-propositions à notre réalité. Le levier principal d’un bouton *Reset* réside dans le contrôle du temps.
Ces œuvres donnent à voir des temporalités multiples, tantôt accélérées, ralenties, ou imprévisibles. Les environnements naturels sont présents comme les contextes essentiels des écosystème envisagés. On la découvre en danger ou au contraire puissante et indépendante des actions humaines. Enfin, ce temps modifié peut rendre perceptible ce qui est d’ordinaire invisible, révélant des formes habituellement insaisissables. Ces différentes visions de futurs possibles invitent le visiteur à questionner le monde présent.
Vit et travaille à Bruxelles, Belgique. Avec un parcours en direction artistique et design graphique, Juliette a un goût pour les esthétiques simples et épurées. Depuis 2009, elle met ses compétences au service de la scène culturelle numérique, créant liens et opportunités entre les acteurs du monde artistique. Elle collabore avec de nombreux artistes internationaux à la diffusion et à la création de projets. Depuis 2016, elle travaille comme commissaire associée à différents festivals et institutions. En 2019, elle co-fonde SALOON Brussels, réseau de femmes du monde de l’art.
Marie Perrault
À la suite d’une première collaboration avec Art Souterrain, son directeur artistique, Frédéric Loury, m’a invitée à agir comme commissaire pour l’édition 2020 du festival placée sous le thème de «RESET». J’avais déjà exploré les imaginaires de la construction historique au Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul dont le thème Présence des passé : Inventer l’avenir, chapeautait l’édition 2017.
Dans le cadre de RESET, j’ai pris plaisir à développer de nouvelles collaborations avec des artistes que j’avais connus dans ce contexte : Caroline Monnet, Sarah Wendt et Pascal Dufaux et le Cabinet de Fumisterie appliquée. J’ai aussi saisi l’occasion pour poursuivre cette réflexion autour de collaborations avec des artistes dont je suivais le travail depuis un moment : Arkadi Lavoie- Lachapelle, Bonnie Baxter, Daniel Corbeil, Dominique Sirois, Skawennati et j’ai renouvelé mon approche du travail de JJ Levine, que j’ai présenté lors de Vitrine sur l’art en 2018 autour des questions de genre.
Les artistes réunis ici imaginent le présent et le futur à partir de perspectives nouvelles, qui vous invitent à aussi rêver l’avenir.
Marie Perrault agit depuis trente ans comme auteure, commissaire d’exposition et consultante en art contemporain. Elle a signé de nombreux essais et a conçu plusieurs expositions. De 1997 à 2014, elle a travaillé au ministère de la Culture et des communications, comme chargé de projets au Service de l’intégration des arts à l’architecture et à titre de conseillère en muséologie à la Direction de Montréal.
Dulce Pinzón
Dulce Pinzón est née à Mexico en 1974. Elle a étudié les communications par média de masse à l’Université de Las Americas à Puebla au Mexique et en photographie à l’Université d’Indiana en Pennsylvanie. En 1995, elle s’installe à New York où elle étudie au International Center of Photography.
Son travail a été publié et rassemblé à l’échelle internationale. En 2001, ses photos ont été utilisées pour la couverture d’une publication du livre de Howard Zinn « Une histoire populaire des États-Unis ». En 2002, Dulce a remporté la prestigieuse bourse Jovenes Creadores / FONCA au Mexique pour son travail. En 2006, elle a remporté une mention honorifique au concours du projet Santa Fe et a remporté la 12e édition de la Biennale mexicaine du centre de La Imagen. En 2006, Dulce a été membre de la Fondation pour les arts de New York en photographie et a été choisie artiste du Market Museum dans le Market du Bronx en 2007 et a reçu une subvention de la Fondation Ford en 2008.