Intelligence artificielle, plateformes numériques, art virtuel, découpe laser contrôlée par ordinateur, impression 3d… Aujourd’hui, l’art peut-il encore être maîtrisé par la main de l’artiste?
Dans nos sociétés technologiques, il n’est certes pas question de revenir à l’éclairage à la chandelle et aux galères mues par des rames. Si la machine est plus efficace et plus rapide que l’être humain, il est certains domaines où elle ne pourra jamais le remplacer. Elle peut compléter, aider, ajuster, mais la création pure n’est pas de son ressort (bien que des expérimentations soient en cours avec l’intelligence artificielle).
Depuis le XVIe siècle, un fossé s’est creusé entre les métiers d’art et l’art. Au XXe siècle, l’artiste est devenu le concepteur de l’œuvre et sa fabrication, souvent, a été remise aux techniciens spécialisés. L’art conceptuel a porté cette façon de faire à son acmé. En peinture, par exemple, Sol LeWitt remettait des instructions pour l’exécution de son œuvre, faite par des étudiants ou des assistants, l’interprétation pouvant mener à des différences dans le travail final.
En parallèle, les métiers d’art ont été disqualifiés, considérés comme passéistes ou dépassés. Cette mise à l’écart idéologique est toutefois contrée ces dernières années par une requalification : pensons, par exemple, à un artiste verrier comme Dave Chihuly, dont les œuvres se voient un peu partout dans le monde. Les arts dits mineurs investissent l’art contemporain : art textile, céramique, verre. Il se développe un courant où l’attention donnée à l’objet se conjugue à la réflexion sur le faire et sur des enjeux plus vastes ou plus intimes, la société, le soi profond…