Natacha Nellis
Montréal, CanadaBiographie
Natacha Nellis est née en 1985 à Montréal, Québec, où elle réside toujours. Très vite attirée par les arts et la mise en scène, son amour des costumes et d’autres intérêts personnels lui font entamer des études collégiales en design de mode en 2009. Son besoin d’une plus grande liberté dans sa production l’amène toutefois à réorienter ses études vers les arts plastiques. Une première grossesse interrompant le cours de ses études elle reprendra celles-ci directement à l’université pour compléter un certificat – toujours en arts plastiques – à l’UQAM en 2013.
C’est dans ce contexte que se définit et se peaufine son style, tant en dessin, peinture et sculpture, résolument axé vers un surréalisme aux accents de conte, une inspiration portée par les ailes de l’onirisme et de l’enfance. Une deuxième grossesse l’incite à poursuivre doucement en tant qu’étudiante libre, pour finalement entreprendre un baccalauréat en arts visuels et médiatique, à l’UQAM toujours, en 2015, qu’elle termine au printemps 2018. C’est au cours de la dernière année de ce baccalauréat qu’elle entreprend un virage vers la photographie, raffinant et exploitant son style déjà maitrisé alliant ambiance vintage, personnages fantastiques (souvent incarnés par ses enfants) et objets mystérieux créés par elle ou dénichés et amassés au fil du temps dans sa maison-atelier faisant de chaque instant de sa vie un moment créatif.
Nous eûmes la chance de pouvoir voir ses œuvres exposées lors de trois expositions collectives : Parcomètres 2 à la galerie GHAM et DAFE en 2017, puis Synthèse et Passages à découvert en 2018 dans un local temporaire et à la galerie de l’UQAM.
À propos de l'oeuvre
« Chacune de mes œuvres est une mise en scène. L’élaboration de celle-ci relève à la fois de la technique et du ludique s’empoignant dans une danse où les contours des partenaires sont délibérément floutés. Tout commence par un jeu où peu de règles sont édictées, se poursuit dans une joute où les éléments ne sont pas tous contrôlables et s’achève en un acte dont le spectateur est seul juge du sens.
Ma résidence me sert de studio. Les ambiances sont donc déjà imprégnées dans le décor de ma vie, les objets dont je me sers sont ceux que j’accumule et crée depuis plus d’une décennie et mes modèles sont généralement des membres de ma famille. Les ingrédients sont donc tous réunis pour des compositions très personnelles où mon rôle de maître d’œuvre consiste à gérer les éléments de décor, les acteurs malgré eux et la primordiale lumière. Le choix esthétique est donc choisi et prédéterminé par les influences marquant autant ma vie que mon art. Les tons sépias, cuivrés, sombres et les textures de velours et de bois usé rappellent immanquablement l’époque victorienne, effet renforcé par la composition souvent portraitiste de mes œuvres et la nature des accessoires au charme suranné.
La scène étant mise, reste à lui insuffler la vie que l’histoire nécessite pour être lue. Entre alors en lice une autre forme d’influence tout aussi sensible dans ma vie comme mon art : l’univers du conte. L’admiration que j’ai pour les univers fantastiques se dénote dans l’esthétisme y étant propice que je favorise et développe autant que dans mon approche de la vie en général. Nombreux sont les exemples démontrant que l’attrait pour les mondes magiques ou alternatifs n’est plus cantonné à la péjorative étiquette de la puérilité, les déceptions de la réalité en poussant plus d’un à se réfugier temporairement dans le mysticisme ou la fantasmagorie. N’empêche que les enfants restent les ultimes détenteurs de la spontanéité et du chevauchement entre le rêve et le réel. Excellent public quand un mystère leur est proposé, ils sont aussi d’habiles collaborateurs en contexte de jeu, voire de narration. Leur présence, ou celle de thèmes rappelant leur imaginaire est un appel à faire ressurgir en nous leur innocence émerveillée.
Le rideau retombé, reste alors à remballer, retoucher, imprimer et, au besoin, agencer les meilleures prises de la séance. Chaque scène choisie peut devenir une histoire en soi mais leur interrelation démultiplie leur interprétation potentielle. Reste au spectateur le choix de réassembler comme bon lui semble les éléments que je lui fournis pour trouver à son tour son histoire, son jeu préféré, son enfant intérieur. »