DÉMARCHE DE L’ARTISTE
« Si vous ne pouvez pas le retrouver, inventez-le : l’architecture est un théâtre. »
Alexander Pilis est un enquêteur d’architecture dédisciplinée, artiste, commissaire et professeur travaillant sous l’égide d’Architecture Parallax — une méthodologie qui déplace la vue comme la seule vérification de la réalité. En outre, Pilis fomente un projet multimédia à étudier les questions et les enjeux soulevés par son travail « The Blind Architect: Visual Crisis » (l’Architecte aveugle : crise visuelle) comme une critique de la modernisation de la vision et de l’effondrement de la profondeur de champ. Il a réalisé des catalogues et des livres qui ont été publiés au Brésil, au Canada, en Allemagne et au Royaume-Uni.
L’ŒUVRE
Architecture Parallax : Vision de Différence, Différence de Vision
Installation in situ, 2019
(Le titre du projet renvoie à l’essai « Architecture Parallax: Through the Looking Glass », rédigé par Sally McKay dans le cadre d’une exposition à la Koffler Gallery en 2015.)
Cette œuvre explore la vision en invitant le public à examiner la modernisation de la vision même qui est dirigée par l’architecture et l’environnement bâti. Elle soulève ainsi des questions, notamment en ce qui a trait à ce que nous considérons comme vrai ou vérifiable.
En franchissant le seuil de l’observatoire, les visiteurs apercevront quatre appareils optiques, des télescopes modifiés, placés en accord avec les points de référence de la ville, les points cardinaux magnétiques et les références astrologiques. En regardant dans les appareils, les visiteurs s’attendront à voir une vue plus rapprochée de bâtiments dans la ville, un fragment de paysage en mouvement et le passage du temps dessiné dans le ciel, mais en réalité ils seront surpris de constater que la vue est à l’envers.
Un appareil de vision de type sculptural offre une réévaluation de nos connaissances et de nos attentes lorsque nous regardons une ville, tout en évoquant le thème d’Art Souterrain : Le vrai du faux – True or False. La vue servira (en effet) à « décorriger » l’ajustement du cerveau et à présenter une image « vraie ». Cette contraction visuelle « Le vrai du faux » éveillera le désir d’exploration chez les visiteurs et alimentera la conversation.
Nous sommes nés aveugles, nous apprenons à voir, nous voyons à l’envers et nos cerveaux s’ajustent et se construisent. Cette vue inhabituelle sert à déplacer et à stimuler les attentes du spectateur, et commence à l’engager avec l’autrui. Elle soulève des questions. Qu’est-ce que je vois? Vois-je bien ce que je cible? Comment voit-on, et comment nos yeux et nos cerveaux modifient-ils nos perceptions et nos positions culturelles?
Si nous arrivons à modifier l’expérience momentanément, le spectateur pourra possiblement voir la ville, et, par conséquent, sa propre position dans l’espace. Cette transformation de perception attribuable aux appareils optiques facilitera une autre façon de voir, une autre façon perceptuelle de découvrir la ville, le paysage et le ciel. Cette œuvre porte essentiellement sur la vision modifiée, la subjectivité et la capacité d’agir.
Conçue en 1955-62, Place Ville Marie (PVM) est un bâtiment montréalais emblématique construit en cruciforme et affichant le prestigieux style international adopté par le cabinet d’architectes I.M. Pei & Henry Cobb.
Commissaire : Joyce Yahouda