Alors que notre société et nos comportements se digitalisent et qu’il n’a jamais été aussi simple d’avoir accès à l’information, il nous devient de plus en plus difficile de discerner le vrai du faux.
Multiplication des médias digitaux, démocratisation du journalisme, développement de nouveaux outils numériques permettant de modifier le réel ; l’hégémonie d’Internet nous pousse à sans cesse remettre en question ce qui, de prime abord, nous apparaît comme réel ou vrai. Les réseaux sociaux incitent ses utilisateurs à se forger une mythologie individuelle, à cultiver une image de soi qui se veut la plus proche possible de l’idée que l’on se fait de la perfection, provoquant envie et jalousie.
A une époque où la possibilité nous est donnée de sélectionner le réel, la frontière entre fiction et réalité se trouble. Loin de contredire cette tendance, les artistes participent activement à ce jeu avec le réel. En effet, l’art n’est-il pas, par essence, une illusion du réel, une manière de tour à tour le représenter, le nier et l’interroger ?
Les artistes se doivent-ils de dire la « vérité »? Le « vrai » est à la fois universel et subjectif : il relève de ce qui est naturel, ce que nous reconnaissons tous comme authentique, et de ce que nous ressentons et percevons personnellement. Est « faux » ce qui vient transgresser le réel.
Cette transgression peut s’opérer pour diverses raisons. Pour des raisons artistiques, en faisant sortir l’art de la représentation fidèle de la réalité ; politiques, par l’usage de la propagande ; humoristiques, en trompant le réel pour provoquer la surprise chez l’auditeur ; révélatrices, en mentant pour révéler une vérité ; ou encore commerciales, en manipulant autrui pour provoquer un investissement financier.